Au-delà de la stigmatisation

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Mieux comprendre les maladies mentales

N'avez-vous jamais acheté une gerbe de jonquilles pour appuyer la recherche sur le cancer? Avez-vous déjà épinglé un ruban rose sur votre chemise dans le cadre de la campagne de financement pour le cancer du sein? Ou avez-vous déjà participé à un marathon de marche pour la sclérose en plaques?

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Toute l’année, nous sommes sollicités par de nombreuses campagnes associées à tous types de maladies et auxquelles nous participons afin de recueillir des fonds pour la recherche médicale. Pourtant, certaines maladies bénéficient bien moins que d’autres de l’attention du public et, malgré leur prévalence, ne reçoivent pas le soutien qu’elles méritent. Connaissez-vous des activités de sensibilisation organisées au profit des personnes souffrant de maladies psychologiques comme la dépression, l’anxiété et l’abus de substances psychoactives? Existe-t-il un symbole, un ruban, un bracelet ou une fleur associés à une maladie mentale ou à un trouble émotionnel??

Les chercheurs en santé mentale et les épidémiologistes croient qu’entre un cinquième et un quart de la population souffrira d’une maladie mentale au cours de sa vie d'adulte. C'est entre 20-25 % de nous tous! C'est vous et moi, nos amis, nos familles et nos collègues qui éprouvent ces problèmes. Nous sommes nombreux, mais collectivement, nous conservons un silence assourdissant sur nos périodes de maladie mentale.

Historiquement, les civilisations occidentales ont identifié les maladies en les classifiant d’après leurs symptômes, pour ensuite trouver les méthodes de traitement appropriées. Et quand les symptômes disparaissent, c’est que le malade a recouvré la santé?. Les maladies mentales ne sont pas particulièrement faciles à diagnostiquer. Il n'y a pas d’analyse sanguine connue permettant d’identifier la dépression ou les accoutumances de la même manière que nous pouvons dire facilement si notre taux de cholestérol est élevé. Il est également plus difficile de déterminer le moment où un trouble psychologique ou émotionnel est guéri? – ce n’est pas comme si on enlevait un plâtre; il n’y a pas de suture à retirer pour indiquer que la guérison a eu lieu.

L’aspect invisible ou imperceptible de la maladie psychologique dépasse le cadre du diagnostic et du traitement?. Même si nous n’hésitons pas à parler de nos expériences avec la maladie de coeur, le diabète et même le cancer de la prostate, de façon générale?, nous ne parlons pas ouvertement ou publiquement des troubles psychologiques ou émotionnels?. Un halo de honte et d'embarras est encore associé à ces maladies. Nous croyons encore qu'elles doivent être le résultat d'un caractère faible ou d'une autre vulnérabilité personnelle quelconque. Nous avons tendance à intérioriser les causes des maladies mentales (et à les attribuer à des causes personnelles ou familiales), mais nous extériorisons les causes des maladies physiques (et les attribuons à un virus, à un germe ou à une cause génétique).

Notre silence en dit plus sur notre compréhension limitée de ce qui se produit dans notre esprit/corps que sur la nature même de la maladie. Il n’y a pas de différence entre être génétiquement prédisposé au diabète et être génétiquement prédisposé à l’anxiété. Les deux situations ont une incidence sur la vie quotidienne et peuvent être traitées. Les deux situations peuvent être contrôlées tout en permettant d’avoir une vie pleine et satisfaisante. Nous ne tenons pas les gens personnellement responsables de leur composition génétique. Alors pourquoi est-il plus facile d’accepter le diabète que l'anxiété? Pourquoi acceptons-nous une condition alors que nous avons tendance à dissimuler l'autre?

Avec l’avènement des technologies IRM et d’autres méthodes de diagnostic perfectionnées et de haute technicité qui retracent la biochimie et les circuits électriques du cerveau, notre capacité d’établir un lien entre l’humeur ou l’activité comportementale et le fonctionnement du cerveau s’est accrue de façon phénoménale?. Il ne faudrait pas être surpris si un jour nous sommes en mesure de reconnaître? concrètement et objectivement les symptômes de la santé mentale. Mais compte tenu du coût et de la disponibilité limitée de ces types de tests, nous n’en sommes pas encore là?

Pour réduire la stigmatisation, nous devons savoir à quel point les traitements actuels sont efficaces pour traiter la dépression et l'anxiété. Nous devons changer notre façon de voir les maladies mentales et reconnaître que dans la plupart des cas où elles sont traitées convenablement, ces maladies peuvent être aisément contrôlées et guéries. Les inquiétudes au sujet de la santé mentale sont fonction de leur gravité et la plupart de ces maladies peuvent être traitées.

Mais alors, d’où vient la stigmatisation et que pouvons-nous faire à ce sujet? Comment pouvons-nous réduire les mythes et les idées fausses associés aux maladies mentales? Comment pouvons-nous faire accepter ces maladies de sorte qu’au moment d’une crise au plan de la santé mentale, nous acceptions de demander et de recevoir l'aide dont nous avons besoin plutôt que d'essayer de dissimuler cette maladie à nous-mêmes et aux autres?

Les racines historiques et culturelles de la stigmatisation découlent de la dichotomie culturelle entre l’esprit et le corps et de la crainte que nous éprouvons devant les maux qui ne sont ni concrets ni tangibles?. Il n’y a pas très longtemps, les asiles étaient le «traitement privilégié» pour ceux qui souffraient d’une maladie psychologique?. Les images liées? à ces établissements sont noires, effrayantes et douloureuses. Ce n’est qu’au cours des 100 dernières années que des interventions thérapeutiques efficaces, pharmacologiques et psychothérapeutiques sont devenues disponibles. Il nous reste encore beaucoup à apprendre sur la façon de nous «guérir» d’une maladie mentale et de nous «rétablir», même si les progrès réalisés au cours des dernières années sont étonnants.

Pour réduire la stigmatisation, nous devons savoir à quel point les traitements actuels sont efficaces pour traiter la dépression et l'anxiété. Nous devons changer notre façon de voir les maladies mentales et reconnaître que dans la plupart des cas où elles sont traitées convenablement, ces maladies peuvent être aisément contrôlées et guéries. Les inquiétudes au sujet de la santé mentale sont fonction de leur gravité et la plupart de ces maladies peuvent être traitées.

Nous devons nous renseigner sur les maladies psychologiques. Quand nous constatons nos stéréotypes, nos jugements et nos préjugés?, nous pouvons les analyser et les changer. Les maladies mentales ne sont pas une condamnation à vie – c’est un état fréquent qui peut être traité. Tout comme une personne qui se fait remplacer un genou pour modifier certains aspects de sa vie, ainsi en est-il des gens qui souffrent d’anxiété ou qui sont bipolaires. Dans les deux cas, la condition elle-même, peu importe sa nature, ne définit pas qui est une personne ou ce qu'elle peut faire.

Nous devons normaliser les maladies qui ont été historiquement cachées et ignorées. Quand nous parlons de nos expériences avec une maladie mentale, nous aidons à supprimer la honte intériorisée associée aux maladies psychologiques. Ce n'est pas une confrontation entre «nous» et «elles». Nous sommes tous dans le même bateau. Nous sommes tous potentiellement vulnérables aux problèmes de santé mentale et nous pouvons tous être traités - ou nous pouvons tout au moins contrôler ces situations et mener une vie pleine.

Les services du PAE de Homewood Santé cherchent à réduire la douleur et la souffrance associées aux maladies mentales. On a dit que la souffrance peut être définie comme étant la douleur multipliée par la résistance. Dans le cas des troubles psychologiques, la douleur découle de l’angoisse intérieure et des difficultés relationnelles inhérentes à ces maladies?. Mais si nous supprimons la résistance que nous ressentons par rapport aux maladies mentales en contrecarrant le stigmate, la honte et le jugement que nous associons traditionnellement à cette situation, nous pouvons réduire la souffrance. Il est temps de parler ouvertement de nos expériences en matière de maladies mentales et, partant, de les normaliser pour que celles-ci? soient reconnues par le public comme elles le devraient.