Les relations – Sur qui compter pour son rétablissement, et de qui se défaire

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Il est naturel de se concentrer sur les répercussions de ses choix personnels sur son rétablissement, mais il ne faut pas oublier que la réadaptation nécessite plus que le travail émotionnel et mental.

Elle nécessite également une évaluation de ses différents milieux de vie.

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En plus d’instaurer un domicile sûr et des habitudes saines et de donner un but à sa vie, pour vraiment réussir son rétablissement, il importe aussi de faire des adaptations dans le domaine de ses relations et d’en établir de nouvelles au sein de communautés axées sur le rétablissement. Même si les réseaux de soutien axés sur le rétablissement sont essentiels à l’appui des personnes aux prises avec des troubles liés à la toxicomanie, les rechercher n’est cependant pas une seconde nature. Et se défaire des gens susceptibles de nuire à sa santé mentale ne l’est pas non plus.

Dans le présent article nous examinons les bonnes relations axées sur le rétablissement, et celles qui risquent de le menacer. Nous voyons ensuite comment se bâtir un bon réseau de soutien dans le but de soutenir son rétablissement.

Comment reconnaître une relation saine

Les relations et les réseaux sociaux propices au rétablissement se composent généralement de membres de la famille et d’amis qui, en plus de défendre et d’appuyer son rétablissement, disposent également de moyens de promotion délibérée de la santé et du bien-être.

Une relation saine permet de se montrer sous son vrai jour sans peur d’en subir les conséquences ou d’être jugé ou ridiculisé. La sécurité dans le cadre d’une relation est possible lorsque les deux personnes se sentent à égalité, ce qui revient à dire qu’elles donnent et reçoivent dans la même mesure.

Une relation interpersonnelle saine, quelle qu’en soit la nature, présente plusieurs facteurs clé :

  • La confiance : Marque d’une relation saine, la confiance jette des fondements d’assurance, de compassion et de cohérence. La sécurité physique et affective est vitale à toute relation saine avec un partenaire ou un pair. Une fois trahie, la confiance peut être rebâtie (1), mais ce n’est pas la même chose que le pardon ou l’amour, et cela prend beaucoup de temps et de communication.
  • Communication : Les discussions franches et respectueuses entre partenaires peuvent contribuer à établir des limites saines et à éviter tout conflit risquant de faire dérailler votre rétablissement.
  • Empathie : Lorsqu’on se met à la place d’une autre personne, la compréhension et le savoir s’en trouvent rehaussés. En plus d’établir de saines limites dans l’intérêt des deux personnes, cela permet de mieux comprendre les motivations de l’autre et de trouver des moyens de s’aider.
  • Patience interpersonnelle : Tout le monde ressent de temps à autre de la frustration au sein d’une relation, mais user activement de patience (2) par l’écoute, faire preuve d’empathie et mettre l’accent sur les buts communs peut aider à trouver un terrain d’entente.
  • Compassion et réconfort : Le soutien tant pratique qu’affectif peut donner un coup de fouet au processus de rétablissement et encourager une dynamique relationnelle plus saine.
  • Limites : Les relations saines ont toutes besoin de limites (3), et ces limites entre vous et votre partenaire revêtent une importance particulière si elles protègent votre rétablissement.
  • Attentes claires : Clarifiez vos besoins et vos désirs et découvrez des moyens sains de les communiquer avec assurance au sein de la relation. Pour bien des gens, ce processus peut nécessiter de consulter un conseiller ou d’obtenir l’appui d’une personne de confiance. Il n’est pas rare que les gens ne sachent pas vraiment en quoi consistent leurs besoins et désirs, et l’obtention d’accompagnement et d’explications impartiales leur est d’une aide précieuse.

En revanche, certaines relations ne peuvent que saboter le rétablissement. Entretenir une relation caractérisée par le manque de confiance, l’intimidation, les mauvais traitements, le délaissement ou le manque d’autonomie ne permettra pas de poser un solide fondement pour une vie saine et exempte de drogue et d’alcool. Dans un tel cas, la première étape de neutralisation de la menace au rétablissement est de reconnaître la relation malsaine.

Comment reconnaître une relation malsaine

Les relations malsaines tendent à être plus aisées à reconnaître de l’extérieur que lorsqu’on est l’une des parties à la relation. De plus, il est difficile de suivre les conseils d’autrui au sujet d’une relation malsaine lorsqu’on est dans le déni et non disposé à abandonner le profit, si petit soit-il, qu’on tire encore de l’appartenance à la relation.

Une relation malsaine est souvent marquée par un ou plusieurs comportements abusifs, y compris les contacts physiques importuns ou non sollicités; la domination, les soupçons, l’humiliation, les pressions et l’imprévisibilité; ainsi que la manipulation psychologique, comme le détournement cognitif, quand une personne remet délibérément en question le jugement d’une autre et la fait douter de ses souvenirs ou de sa perception de la réalité.

Les relations malsaines peuvent être difficiles à reconnaître dans leurs débuts; il est donc essentiel de voir comme telle toute « sonnette d’alarme » potentielle, y compris la possessivité, la jalousie et les sollicitations à outrance. Il est essentiel de mettre fin à toute relation malsaine, de quelque nature qu’elle soit, surtout si la relation a des effets néfastes sur sa santé physique, mentale et émotionnelle.

Un type de relation que toute personne en cours de rétablissement doit absolument examiner est le type qui alimente les comportements de toxicomanie. Il faut couper les liens, au moins en premier lieu, avec quiconque continue de consommer de la drogue ou d’abuser de l’alcool, ou se livre à la vente de substances illicites, ou encourage les autres à en prendre. Une fois que des limites impénétrables sont établies – et avec l’aide du temps, de counseling et de la participation à un programme – la relation pourra être réévaluée. Si la relation est irrécupérable, la personne en cours de rétablissement devra avoir la sagesse de s’en rendre compte et prendre une décision fondée sur la protection de son rétablissement, en s’appuyant sur son réseau de soutien pendant qu’elle envisage de mettre fin à la relation ou qu’elle souffre de l’échec de cette dernière.

Lorsqu’on met fin à une relation malsaine ou nocive, de quelque nature qu’elle soit, il est indispensable de cesser immédiatement tout contact avec l’autre personne et de prendre ses distances, car la personne en question peut fort bien encourager l’autre à reprendre le contact avec elle. La mise en place de limites saines est une mesure clé de la protection de sa santé mentale dans les moments difficiles.

Pour ce qui est des relations amoureuses avec mauvais traitements, un solide réseau de soutien est d’autant plus important. Se bâtir un réseau de soutien lorsqu’on est en relation de violence peut être tâche ardue, mais s’ouvrir aux personnes en qui l’on a confiance permet de se sentir moins isolé et apporte du réconfort pendant le processus de rétablissement, une fois la relation terminée.

Des réseaux de soutien fiables peuvent fournir des ressources permettant d’accroître sa résilience et sa motivation à poursuivre son rétablissement, en particulier pour une personne dans une relation de violence.

Un conseiller pourrait vous aider à confirmer tout choix que vous souhaitez faire en ce qui concerne votre sécurité physique, mentale et affective.

Dans bien des cas, une relation malsaine limite le processus de rétablissement et contribue à l’adoption de comportements néfastes qui nuisent à la santé et au bien-être. Reconnaître les relations de ce type dès le départ peut grandement contribuer à faciliter et accélérer son parcours vers le rétablissement.

Comment se bâtir un solide réseau de soutien

De solides réseaux de soutien aident à régulariser le stress en modérant les sentiments d’isolation ou de solitude qui surviennent lorsque les comportements toxicomanes ne les masquent plus. Les membres des réseaux de soutien peuvent également aider en se faisant des modèles de comportement en matière de choix sains et d’engagement envers l’épanouissement personnel. Il existe des services et du soutien de première ligne sous forme de soutien social, de mentorat par les pairs et d’accompagnement personnalisé pendant le rétablissement. Par contre, les relations plus étroites nécessitent des pairs et partenaires dévoués possédant les caractéristiques suivantes :

  • Intérêt sincère : La personne s’intéresse vraiment à vous, à vos idées et à vos sentiments.
  • Soutien émotionnel : La personne n’est pas là seulement dans les bons moments, mais aussi dans les temps durs.
  • Acceptation : La personne vous encourage à faire ce qui vous rend heureux, comme exercer les passe-temps ou passions que vous trouvez gratifiants.
  • Attention pleine et entière : La personne vous écoute quand vous souhaitez vous confier à elle et vous répond honnêtement, sincèrement et avec compassion lorsque vous lui demandez son avis.
  • Respect des limites : La personne fait passer votre sécurité physique, mentale et affective avant ce qu’elle perçoit comme vos besoins et désirs.
  • Joie : La personne vous élève l’âme; en sa compagnie, vous vous sentez toujours aimé et « remonté », et rarement honteux ou découragé.

Mise en place de réseaux de soutien pour les personnes en cours de rétablissement

Le rétablissement est un processus personnel et si complexe qu’il ne peut se faire qu’un jour à la fois, en bâtissant chaque jour sur l’assise des leçons apprises la veille. Ce processus de développement personnel et spirituel continu et d’amélioration de la santé comprendra aussi des revers; le soutien est donc indispensable pour atténuer les réactions néfastes auxquelles nous avons l’habitude de recourir durant les revers et nous inciter à faire les meilleurs choix possible.

1.Commencez par les relations saines que vous avez déjà.

2.Cherchez du soutien supplémentaire au moyen du counseling et d’autres formes de thérapie.

3.Coupez les liens avec les personnes qui nuisent à votre rétablissement afin d’accélérer le processus.

4.Avant de permettre à quiconque d’appartenir à votre « cercle intime », assurez-vous que la personne possède les qualités énoncées plus haut.

Si vous vous sentez en sécurité, chéri et écouté, que vous n’avez pas peur de vous montrer sous votre vrai jour, et que vous arrivez à maintenir des limites avec les membres de votre entourage, sachez que vous êtes sur la bonne voie et que vous serez récompensé de vos relations saines par un rétablissement encore plus profond. 


Références :

1. 7 façons de bâtir la confiance dans les relations. Psychology Today. Le 12 décembre 2018. PsychologyToday

2. An examination of patience and well-being (Un examen de la patience et du bien-être) The Journal of Positive Psychology. Juillet 2012. Researchgate

3. How to Set Healthy Boundaries: 10 Examples + PDF Worksheets. (Comment établir des limites saines : 10 exemples et feuilles de travail en format .pdf) Positive Psychology. positivepsychology.com