Que faire quand un collègue présente des tendances suicidaires

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Depuis quelques années, il semble que de plus en plus de gens aux prises avec des revers ou ayant sombré dans la détresse psychologique ou le désespoir envisagent de mettre fin à leurs souffrances en se suicidant.

Comme n’importe qui peut être touché, il est possible qu’un jour un
collègue vous dise avoir des idées suicidaires.

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Vous pourriez apprendre l’idéation suicidaire de votre collègue de l’une des façons suivantes : 1) il vous en parle directement; 2) vous observez des signes de détresse psychologique ou des signes avertisseurs qu’il est suicidaire; ou 3) il est en situation de crise grave et menace de se suicider sous peu.

Chacune de ces situations demande d’être traitée d’une façon particulière.

Si votre collègue vous en parle directement

Il est extrêmement important de ne jamais ridiculiser la personne, lui faire ressentir de la culpabilité ou essayer de lui faire entendre raison. La personne a besoin d’être entendue; en conséquence, le seul moyen d’atténuer quelque peu sa souffrance et son désespoir est de l’amener à accepter de l’aide tout en attestant la réalité de ses sentiments pour qu’elle se sente écoutée et comprise. Il est également important d’indiquer que vous comprenez sa détresse et qu’à ce moment précis, la personne voit le suicide comme la seule solution à ses problèmes. Il faut ensuite lui déclarer fermement qu’elle a besoin d’aide et l’encourager à en obtenir. À ce stade, vous devez vous assurer que la personne parle immédiatement à un représentant du programme d'aide aux employés et à leur famille ou à un conseiller professionnel. Suggérez-lui de composer le numéro du PAEF pendant que vous êtes à ses côtés, ou, si vous devez être encore plus direct, effectuez l’appel, demandez à parler à un conseiller et mettez votre collègue au téléphone. Si, en dépit de vos encouragements, votre collègue refuse d’appeler ou d’obtenir de l’aide, ou s’il vous déclare son intention de se suicider sous peu et rejette votre aide, communiquez immédiatement avec le PAEF et demandez les conseils d’un professionnel.

De bons contacts sociaux sont essentiels à la capacité d’avoir des conversations significatives et positives. À cause de la pandémie mondiale de la COVID-19, nous sommes tous confrontés à une nouvelle réalité marquée par un isolement et une solitude accrus. Malheureusement, la pandémie a également entraîné la perte d’emploi ou perturbé nos habitudes et notre milieu professionnel. Alors que de plus en plus d’employés travaillent à distance, les gens se sentent détachés de leurs collègues, particulièrement s’ils étaient habitués à un milieu riche en interactions sociales. Il est important de rester en contact avec ses collègues au cours de la journée, comme vous le feriez si vous étiez encore au bureau. 

Si vous remarquez des signes de détresse psychologique

Peut-être soupçonnerez-vous l’état d’esprit désespéré d’un collègue parce que celui-ci n’est plus lui-même. Les signes de détresse psychologique les plus fréquents sont les suivants :

  • Il s’isole ou il est au contraire beaucoup plus sociable qu’à l’habitude.
  • Il parle beaucoup plus ou beaucoup moins qu’à l’habitude, et surtout de la situation difficile dans laquelle il se trouve et de ses répercussions sur lui et ses proches.
  • Il vit une situation difficile mais semble « être au-dessus de tout cela », comme s’il était déconnecté de la réalité.
  • Il semble abattu de tristesse (il rumine, pleure, a l’air « ailleurs »), ou est en proie à un profond désespoir.
  • Il se plaint beaucoup plus qu’à l’habitude.
  • Il a le visage décomposé et semble en état de choc.
  • Il est plus irritable que d’habitude.
  • Il est agressif sans raison apparente ou a une réaction disproportionnée à la situation.
  • Il parle souvent de la difficulté de sa situation et déclare ne voir aucune possibilité d’amélioration et aucun moyen de s’en sortir.

Les signes pouvant révéler qu’un collègue envisage de se suicider sont les suivants :

  • Il indique directement ou indirectement qu’il a trouvé une solution à ses problèmes, et que tout sera bientôt réglé, ou qu’il n’embêtera plus personne, ou que les problèmes d’autres personnes seront bientôt réglés.
  • Il exprime directement ou indirectement des pensées suicidaires (il se peut qu’il aille jusqu’à décrire la méthode qu’il entend utiliser pour mettre fin à ses jours).
  • Après une période de profond désespoir, il semble soudainement plus heureux et moins inquiet.
  • Il est soudain extrêmement généreux envers tout le monde; il paye ses dettes (lourdes ou non) et distribue ses possessions (y compris des choses de grande valeur) à ses amis et collègues.

Si vous remarquez un quelconque de ces signes, tentez par tous les moyens d’ouvrir les voies de communication : conversez avec votre collègue, parlez-lui des signes que vous avez observés et demandez-lui si vous pouvez lui venir en aide d’une façon ou d’une autre.

Si la personne s’ouvre à vous, usez des stratégies décrites plus haut dans le premier scénario. Si elle reste muette, abordez directement le sujet du suicide en lui faisant part de vos observations. Dites-lui que vous vous inquiétez à son sujet et que si elle est suicidaire, il existe de l’aide.

Si vous pensez que quelqu’un s’apprête à faire une tentative de suicide

Une autre possibilité (heureusement rare) est qu’un collègue s’apprête à faire une tentative de suicide. La personne dispose d’une méthode présentement, ou menace de se tuer dans l’immédiat (p. ex. elle possède une arme, se tient devant un panneau électrique, menace de sauter d’une plateforme ou du toit d’un immeuble, ou vous appelle et vous dit qu’elle vient d’avaler du poison ou qu’elle est sur le point de commettre un acte irréversible). Votre seul recours dans de telles circonstances est de parler à votre collègue, de lui affirmer que vous comprenez à quel point il souffre et de l’amener à s’ouvrir sur ses souffrances, sa détresse et ses problèmes. Si possible, demandez l’aide d’autres collègues. Appelez le 9-1-1 (si le service existe dans votre région) ou la police, expliquez la situation et demandez des secours immédiats. Si vous n’êtes pas en mesure de composer le numéro vous-même, demandez à quelqu’un d’autre de le faire immédiatement.

Si vous êtes non loin de la personne suicidaire, gardez vos distances. Si elle est armée, ne vous approchez pas d’elle sauf si elle pose son arme, s’en éloigne suffisamment et vous donne la permission de vous approcher. Ne tentez jamais de maîtriser physiquement une personne qui menace de sauter d’une hauteur ou d’user de violence pour mettre fin à ses jours, car vous risquez d’être grièvement blessé ou tué. À l’arrivée des secours d’urgence, laissez-les prendre la situation en main. Si c’est avec vous que la personne suicidaire s’entretenait, ne quittez pas les lieux avant qu’on vous y autorise (il se peut que la personne souhaite continuer de vous parler parce qu’elle vous fait confiance). Après un incident de ce type, prenez contact avec un représentant de votre PAEF pour en parler. Un conseiller professionnel pourra vous aider à exprimer vos sentiments, analyser votre expérience et mieux comprendre vos réactions.

Si vous soupçonnez des tendances suicidaires chez un collègue ou s’il vous a dit lui-même directement ou indirectement qu’il envisage le suicide, nous vous recommandons fortement d’appeler l’un des conseillers spécialisés de votre Programme d’aide pour lui demander des conseils sur la meilleure façon d’aider ce collègue.